15 avril 2015

ET LE SCENIHR AUSSI....







Plainte contre le Rapport final du SCENIHR (agence d’expertise sanitaire européenne) sur les risques liés à l’usage des téléphones cellulaires

Cinq études du Prof. Lennart Hardell furent l'objet de la lettre du Dr. Kjell Hansson adressée à la Commission européenne, expliquant que ces cinq études furent sciemment omises de l'avis préliminaire par le Dr. Joachim Schuz. A cela la Commission a répondu que les cinq études seraient prises en compte dans l'avis final et que le Dr. Schuz était un « expert extérieur ».

Selon les résultats du rapport de la consultation publique du SCENIHR, le SCENIHR répondit à la demande de Hardell que : « toutes les références ont été prises en considération dans l'avis ».

Mais quand Hardell l’examina, il découvrit que la publication suivante n'avait pas été incluse :

« Hardell L. Carlberg M, Söderqvist F, Hansson Mild K. Pooled analysis of case-control studies on acoustic neuroma diagnosed 1997-2003 and 2007-2009 and use of mobile and cordless phones. Int J Oncol. 2013;43:1036-1044. Epub 2013 Jul 22 » - (étude sur le Neurinome acoustique)

Trois autres études n'avaient pas non plus été incluses :

« Söderqvist F, Carlberg M, Hardell  L. Review of four publications on the Danish cohort study on mobile phone subscribers  and risk of brain tumors. Reviews Environmental Health. 2012; 27: 51-58 » - (étude épidémiologique sur les tumeurs cérébrales chez les utilisateurs de téléphones portables)

« Söderqvist F, Carlberg M, Hansson Mild K, Hardell L. Childhood brain tumour risk and its association with wireless phones: a commentary.  Environmental Health. 2011; 10: 106 » - (étude sur les tumeurs cérébrales chez l’enfant utilisateur de téléphone sans-fil)

« de Vocht F, Hannam K, Buchan I. Environmental risk factors for cancers of the brain and nervous system: the use of ecological data to generate hypotheses. Occup Environ Med 2013; 70: 349-356 » - (étude épidémiologique sur les risques d’apparition de tumeurs cérébrales)

Preuves démontrant que le Dr. Joachim Schüz a une influence décisive sur le rapport du SCENIHR.

Selon la lettre du Dr. Kjell Hansson Mild, « Il a clairement déclaré que la rédaction de la partie épidémiologique relevait de sa seule responsabilité et qu'en outre lui seul devait décider quoi inclure ».

Le groupe des scientifiques de  BioInitiative estima que le  SCENIHR avait donné un poids exagéré à une étude financée par l'industrie, à laquelle le  Dr. Schüz participa, étant donné que le SCENIHR « s'appuie lourdement sur la très critiquée étude du cohorte Danoise portant sur les utilisateurs de téléphones mobiles et ses données d'exposition très pauvres ». Le problème avec l’étude de cohorte Danoise est si grave qu'il y a des scientifiques qui pensent tout simplement qu'il faudrait les retirer de la littérature scientifique.

Pour savoir pourquoi, un résumé (en anglais) est donné par :

Mona Nilson aussi, une journaliste qui a écrit deux livres sur les risques des rayonnements des téléphones cellulaires et est maintenant à la tête de la  Swedish Radiation Protection Foundation, a remarqué dans un article récent que « l’étude de cohorte Danoise défectueuse est l’argument principal de l’absence de risque » dans le rapport du SCENIHR :
Un des articles délibérément omis dans l'avis du SCENIHR contient une critique définitive de l’étude de cohort Danoise  : « Sans données à long terme, comment peut-on exclure définitivement tout risque ? » … ajoutant que l'étude de cohorte Danoise est un « exemple parfait » de menace sur la validité des études dans ce domaine de recherche. Cette critique fut publiée dans la littérature scientifique. Étant donné que c'était le  Dr. Schüz qui faisait la loi sur la section épidémiologique, il n'est pas surprenant qu'il eu souhaité éliminer cette publication. Mais cela ne signifie pas que cette publication n’est pas pertinente. Tout au contraire(Söderqvist F, Carlberg M, Hardell  L.  Review of four publications on the Danish cohort study on mobile phone  subscribers  and risk of brain tumors. Reviews Environmental Health. 2012; 27: 51-58).

L'avis du SCENIHR fait valoir l'argument de l’absence de risque dans l'étude CEFALO à laquelle le Dr.  Schüz participaLe risque qui fut constaté dans cette étude, basée sur des données obtenues auprès d'utilisateurs de téléphones portables, fut amoindri dans le rapport du SCENIHR bien qu'il y fut toutefois mentionné. L'étude CEFALO également dévalue le risque qui fut constaté. Le papier de Hardell qui critique la manipulation de CEFALO est omis du rapport final du  SCENIHR (Söderqvist F, Carlberg M, Hansson Mild K, Hardell L. Childhood brain tumour risk and its association with wireless phones: a commentary. Environmental Health. 2011; 10: 106). L'étude fut partiellement financée par l'industrie, par la Swiss Research Foundation on Mobile Communication (FSM), une organisation qui fut créée par ETH Zürich, Swisscom, Orange, Sunrise and 3G Mobile (liquidée en 2011). Sur la base d'une durée cumulée d'abonnement, les utilisateurs de téléphones mobiles cumulant plus de 2.8 années ont un risque plus élevé de tumeurs du cerveau OR= 2.15 (95%CI 1.07, 4.29). Ce résultat ne fut pas communiqué à la presse par les auteurs. Mona Nilsson a expliqué que l'étude fut présentée aux médias comme rassurante pour les utilisateurs de téléphones cellulaires :
« Les résultats rassurant d'une étude sur les risques de tumeurs du cerceau associés à l'utilisation d'un téléphone mobile parmi les enfants et les adolescents furent publiés le 28 juillet 2011 dans la presse internationale. Cependant la conclusion rassurante n'était pas basée sur les données de l'étude, tel qu'il était suggéré dans les parutions de la presse à large diffusion, mais uniquement sur la prévalence des cancers du cerveau établie par le Swedish Cancer Registry (Registre des Cancers Suédois). On se demande pourquoi c'est passé sous silence ? » (Nilsson, Mona. Mobile phones and children’s brain tumor risks:  Researchers found the highest risk in Sweden –but dismissed the risks based on underreported Swedish brain tumor incidence rates November 3, 2011).

Les manipulations des auteurs du rapport du SCENIHR visant à minimiser le risque se retrouvent aussi dans leur façon d’utiliser les données du  Registre des Cancers Suédois. « Utiliser » le  Registre du Cancer Suédois de façon à nier ce qu'ils avaient constaté révèle le biais. Une position fort contrastée à la lumière de ce que Hardell et al exposent dans la littérature scientifique : «  Le Registre du Cancer Suédois n'a pas montré d'augmentation de prévalence des cancers du cerveau ces dernières années et a été utilisé pour discréditer les preuves épidémiologiques du risque avéré ... une large part des cancers du cerveau de type inconnu ne sont jamais signalé au Registre des Cancers Suédois. En outre, la fréquence des diagnostics basés sur les autopsies, qui a décliné substantiellement en raison du nombre moins important d’autopsies, n'a fait qu'ajouter aux cas de cancers non signalés. Nous en concluons que les données du Registre des Cancers Suédois ne sont pas fiables et ne peuvent pas être utilisées pour discréditer les résultats d'études épidémiologiques sur l'usage  des téléphones sans fil et le risque d’apparition de tumeur du cerveau. » (Hardell L. and Carlberg M. Increasing Rates of Brain Tumours in the Swedish National Inpatient Register and the Causes of Death Register  Int. J. Environ. Res. Public Health 2015, 12(4), 3793-3813;  www.mdpi.com/1660-4601/12/4/3793/htm


Dans le résumé du SCENIHR destiné au grand public, l'argument principal contre l'augmentation d’apparition du risque de tumeur du cerveau fut qu'aucun accroissement ne fut trouvé dans le registre des cancers. Le même argument apparaît dans un papier récent publié dans la littérature scientifique par Dr. Shuz. Dans les deux cas, cet argument est faux, pour ne pas dire mensonger. Pourquoi les membres du comité qui ne sont pas des experts du domaine écriraient quelque chose qui est faux, à moins qu'ils n'aient reçu des « directives » de la part d'experts extérieurs qui sont financés par l'industrie comme le Dr. Shuz ?

Est-il possible d'influencer l’expertise scientifique en tant qu'expert extérieur ?

Dans sa réponse à Susan Foster, l’Ombudsman (médiateur européen) écrit : « il ressort de la réponse de la commission qu'il ne pouvait pas avoir une influence décisive sur l'avis préliminaire étant donné qu'il intervenait comme expert extérieur ».

Il est essentiel de comprendre que le Dr. Joachim Schüz influence le  SCENIHR parce qu’il est un expert extérieur. C'est la conséquence du fait que le groupe de base est constitué de personnes qui ne sont pas expertes dans le domaine des rayonnements non-ionisants. PUISQU'ILS NE MAÎTRISENT PAS LE SUJET, QUI VA LES INFLUENCER SI CE NE SONT LES EXPERTS EXTÉRIEURS ? ...

Le médiateur ne doit pas se laisser leurrer par la Commission. C'est un point critique. A quoi est-ce comparable ? C'est comparable à ce qui se passe en Europe en général. Personne ne dit au grand public que les risques de développement de tumeurs du cerveau sont bien liés à l'utilisation des téléphones cellulaires alors que de nombreux scientifiques font des efforts majeurs et des voyages à l'étranger pour faire des conférences et avertir le public du danger encouru. Même après que le CIRC (Centre de Recherche sur le Cancer – fait partie de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé)) ait classé les radio fréquences comme cancérigène possible pour les humains, un des principaux reproches que les scientifiques expriment lors des conférences (et dans la littérature scientifique ignorée du public), est que les gouvernements ne font rien.

Alors que le public est massivement en train d'utiliser les téléphones portables et sans-fil, il est problématique de donner pouvoir à un Comité qui n'est pas expert dans le domaine des rayonnements non-ionisants et qui s'appuie sur des experts extérieurs pour obtenir leur information, puis de prétendre que, comme ils sont seulement experts extérieurs, ils n'ont pas eu d'influence décisive. Seuls ceux qui contrôlent leur sujet peuvent avoir une influence décisive, les autres peuvent faire des erreurs involontaires.


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